dimanche 8 novembre 2009

Bande son d’un film françaix.

Un chauffard klaxonne. Comme un écho solidaire, deux voitures lui répondent, une sauvagement et l’autre timidement. Une porte se ferme, les charnières mal huilées grincent de douleurs, personne ne les entendra jamais.

Silence (bref retour)... Interrompu brutalement par le vacarme d’un robinet tout public, qui laisse place au ronflement quinquagénaire du sèche-main ennuyé. Frottement de la peau et des poils contre un pantalon, qui a quelques difficultés à reprendre sa place, fermeture sèche de la braguette, soupir de soulagement. Une chasse d’eau explose pacifiquement. Une porte s’ouvre. Les charnières mal huilées grincent de douleurs. Les fenêtres ouvertes laissent pénétrer impudiquement les tribulations de la rue : au loin deux hommes discutent avec émotions, leurs mots plein de bons sentiments sont entre coupés par le couple fidèle : soufflet/geignement, auquel vient finalement se mêler un bruit de pas voisin dont la cadence augmente au fur et à mesure qu’il se rapproche. Une chorale de gémissements met fin à ce ballet. Plus ou moins grave, plus ou moins aigus, elles avaient pris possession de l’appartement, s’imposant comme la raison du moment. Une compétition de décibels met à rude épreuve les cordes du ballet. Dans une intermittence du spectacle, un solo rugueux et se voulant dominant balaie ces errements. Le rythme est donné, grincement entrainant des ressorts du matelas, qui souffre de la sur activité autant que du surpoids. Cirque ? la question est frappante comme ces claquements continus qui viennent de la chambre adjacente ; où s’agit-il plus d’un parlement dont les ouiiiiiiiiiiiiiii réguliers sont ponctués par quelques non suppliant. Un râle unanime semble s’échapper de toutes ces pièces, où l’activité humaine bat son plein, ou trop plein. De furtifs mouvements d’air laissent penser que certaines se déplacent de pièces en pièces, il doit s’agir d’échanges de bonnes pro-cédées. Cela ressemble à un passage à l’acte direct sans chichi ni ouverture ennuyeuse qui encenserait un sans blanc de passion ou de désir. Des instruments à percussion ont élus domiciles dans ces pièces concaves, le vide multiplie leurs battements déjà soutenus. Des petits sons de métaux qui s’entrechoquent annoncent la mise à bas des ceinturons, à grand souffle de trompettes pour trempette. Le sol se revêt progressivement dans une cacophonie de chutes sans grands éclats, juste un peu de tissu quittant son hôte pour un ballai. Les pas se dispersent vers les pièces. Un déluge de pas, un brouhaha de rires et de paroles sans sens agressent un silence, déjà en fuite. La porte s’ouvre sans grande envie, peut être l’habitude d’un opéra qu’elle a déjà trop entendue.

L’appartement est habité par le silence.

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